Parents, où en sommes-nous ? Témoignages

15/12/17

« Débranche tout, revenons à nous », chantait France Gall en 1984. En 2017, même plus besoin de prise pour être connecté au reste du monde. Enfin, par écran interposé. Car, dans la réalité, être connecté à son enfant dans sa propre maison relève parfois de l’exploit

« Pour que nous ayons une vraie conversation, je suis obligée de couper le wi-fi ! », ironise Cécile, mère de Hugo et Lucas, 13 ans et 11 ans. Et quand elle compte les écrans de la maison, tous appareils confondus, le résultat la laisse incrédule : 9 pour 4 personnes ! C’est pourtant bien elle et son conjoint qui ont tout acheté, au fil des dernières années. Comment sortir d’un piège qu’on a soi-même mis en place ? « C’est la première demande de soutien de la part des parents aujourd’hui », indique Olivier Gérard, responsable du Pôle médias et usages numériques à l’Union nationale des associations familiales (UNAF), qui a réalisé une étude auprès de 22 000 familles. « La gestion des écrans avec les enfants est une préoccupation grandissante. Pour leur répondre, nous venons de sortir un guide élaboré avec la Société française de pédiatrie. Parmi les recommandations, la non-présence d’écrans avant l’âge de 3 ans nous paraît importante. »

Prévention dès le plus jeune âge

« Cela fait partie des informations de base abordées lors de nos consultations, décrit Véronique Poitou, médecin de PMI au Département de Loire-Atlantique. Dès 9 mois et parfois avant, en fonction de ce que j’observe des parents, j’aborde, avec un téléphone jouet, la question des écrans. J’explique que cela peut être trop lumineux, trop bruyant et que cela altère aussi le sommeil des enfants. Lorsque nous constatons des troubles qui, sans être spécifiques aux écrans, peuvent être occasionnés par une surexposition, nous questionnons les parents pour vérifier s’il y a effectivement un usage excessif ou inapproprié. » Dans ce cas, les parents qui veulent voir les choses s’améliorer passent par des moments un peu difficiles, car arrêter ou réduire les écrans demande de l’énergie et parfois même une remise en cause de l’organisation familiale.

Logistique familiale

« L’écran, le matin ou le soir avant le dîner, permet à certains parents de simplifier la logistique familiale : prendre sa douche, préparer le dîner, etc. Pour d’autres, c’est plus une question d’addiction personnelle avec la télé allumée en permanence ou le suivi des actualités, en ayant l’impression que les enfants ne suivent pas. Sauf qu’ils suivent et que certains contenus sont très traumatisants », détaille la docteure. Dans le cas des fratries, les cadets et benjamins débarquent dans un environnement moins protégé. « Les études montrent que les 2e, 3e ou 4e enfants, sont plus soumis à des contenus inadaptés », rappelle Olivier Gérard. Pour éviter ces problèmes, d’autres activités peuvent être proposées pour détourner l’attention des plus jeunes. Et s’il y a encore des siestes, réserver le temps d’écran de l’aîné à ces créneaux peut être une solution.

Tolérance au désordre

Pour être crédible sur la question des écrans, il faut parfois se discipliner en tant qu’adulte. Et remiser ses appareils pour éviter les « technoférences », ces interruptions quotidiennes des rapports enfants/ parents à cause des smartphones et tablettes des adultes. « Il faut aussi faire baisser la pression sociale qui s’exerce parfois sur les parents dans certains lieux publics, comme les transports ou les restaurants : sans écran, les enfants font du bruit et ils remuent. C’est bien aussi », estime Olivier Gérard. Les écrans ont évidemment des aspects positifs, notamment dans le cadre de contenus partagés avec les parents, et sur des temps limités. Ils sont même aujourd’hui utilisés dans certains services pédiatriques, en substitution de produits anesthésiants, dans le cas de petites opérations. C’est dire leur puissance hypnotique !



Quelques conseils pratiques

  • Éteindre la télé aux heures des repas, biberon et allaitement inclus
  • Couper le wi-fi après le repas du soir
  • Se préparer avant le lever des enfants pour éviter l’écran « pratique » du matin
  • Sortir plusieurs jeux ou lancer de super concours de dessins avant de se mettre à cuisiner
  • Accepter qu’il y ait plus de bazar et de bruit dans la maison

Plus d’infos dans le guide des parents publié par l’UNAF : « Enfants et écrans, reprenez la main ! » www.unaf.fr