Témoignages : l'accueil d'un enfant handicapé, un choix du cœur

Annie, une vocation

Annie est assistante maternelle depuis 10 ans à La Chapelle sur Erdre. Avant ça, elle a travaillé pendant 20 ans à l'institut d'éducation motrice de la Buissonnière en tant qu'éducatrice auprès de jeunes enfants polyhandicapés. La prise en compte du handicap a donc de l'importance dans son métier. 

"Les activités organisées par le RAM m'ont mise sur le chemin d'une collègue qui exprimait une certaine difficulté dans l'accueil d'une petite fille polyhandicapée. Je n'ai donc pas hésité à proposer mon aide quand elle a exprimé le besoin d'un relais pour accueillir Clémence et sa famille."

Annie accueille l'enfant et ses parents. Le handicap est un élément qu'elle prend en compte dans un second temps : "j'accueille d'abord la petite fille, ensuite le handicap". Pour elle, c'est quelque chose d'inné, de logique et de naturel. Son rôle est d'accompagner l'enfant, de veiller à son bien-être, sans la pression de devoir mettre en place un projet de vie, comme lorsqu'elle travaillait à l'institut.

Pourtant, elle sait qu'accueillir un enfant handicapé ne s'improvise pas : "même si on pense d'abord à l'enfant, l'accueil doit être adapté aux spécificités du handicap". Elle souligne l'importance des formations adaptées à chaque handicap, d'un accompagnement à domicile, et de la possibilité d'avoir un relais en cas de besoin.

"Le Centre d'action médico-sociale précoce (Camsp) qui accompagnait Clémence était disponible pour me rencontrer et répondre à mes questions éventuelles. Ils la connaissaient bien et pouvaient être de bons conseils. Les regards croisés permettent un accueil de qualité adapté à l'enfant et répondant à ses besoins et à ceux de sa famille. En discuter avec d'autres collègues est aussi une bonne chose."

Annie prévoit d'ouvrir à nouveau une place pour un enfant en situation de handicap, en septembre 2022.

Clémence et Annie © Département de Loire-Atlantique

Christine, un coup de foudre mutuel

Christine, assistante maternelle a Orvault, a accueilli un petit garçon autiste de ses 4 ans à ses 6 ans. Elle allait le chercher à l'école le midi et le gardait durant les vacances scolaires. Ayant une soeur handicapée, elle a grandi avec le handicap et pour elle, il n'y a rien d'extraordinaire ou de différent, c'est quelque chose de naturel.

"Je ne cherchais pas forcément à garder un enfant en situation de handicap, la situation s'est présentée à moi losque le papa de Arthur* m'a appelé pour me demander si j'avais une place disponible, sans m'évoquer le handicap de son fils. Lorsque j'ai vu pour la première fois ce petit garçon, je me suis baissée, j'ai ouvert les bras pour l'accueillir, il s'y est réfugié et a réclamé un câlin et un bisou ! Ça a été un coup de foudre mutuel !"

Après cette rencontre hors du commun, Christine a appris à connaître Arthur et a pu l'accompagner petit à petit et veiller à ce qu'il puisse s'épanouir et se développer. Pour l'aider, elle a rencontré les professionnel·les de santé qui s'occupaient de Arthur. Tout au long de cet accueil, ils ont pu lui donner des pistes et des conseils pour adapter son accueil, trouver des solutions à certaines difficultés et mieux connaître le handicap.

Accueillir cet enfant a été pour elle une source de bonheur et d'épanouissement mais aussi une épreuve de patience. Les journées peuvent être un peu plus fatiguantes !

"Au début, Arthur ne voulait pas manger. Il ne voulait même pas rentrer dans la cuisine ou s'asseoir à table. Il faisait beaucoup de crises. Petit à petit et à force de répétitions, j'ai réussi à mettre en place des rituels pour qu'il intègre certains aliments, accepte de s'asseoir. Chaque étape franchie est une réussite et procure une grande satisfaction".

Un câlin à un autre bébé gardé, un jeu avec les autres enfants, un repas mangé en entier... Des petites réussites qui rendent Christine fière :

"Accueillir un enfant à besoins particuliers, c'est humainement et intellectuellement très intéressant. On doit toujours faire preuve d'imagination et de psychologie. En fait, c'est presque un nouveau métier qui se superpose à celui d'assistante maternelle."

Elle souligne aussi l'importance des parents dans le projet d'accueil. Pour elle, le handicap doit être accepté et intégré par les parents pour un accueil serein. Chaque difficulté est traversée ensemble et chaque réussite est célébrée ensemble.

* Le prénom a été modifié pour conserver l'anonymat de l'enfant accueilli.

Christine et Arthur © Département de Loire-Atlantique

Accueillir un enfant en situation de handicap ou ayant des besoins spéciaux

Vous vous posez des questions sur l'accueil d'un enfant handicapé ou ayant des difficultés particulières ? Vous hésitez à franchir le pas ?

• Un accompagnement par les unités agrément et les relais petite enfance

Vous pouvez être accompagné·e pour que votre projet d'accueil se déroule au mieux. Votre unité agrément et les relais petite enfance (RPE) peuvent vous aider à établir les modalités d'accueil et vous accompagner pendant l'accueil.

Guenola, évaluatrice de l'unité agrément Blain-Chateaubriant, témoigne :

"Si une assistante maternelle informe son unité agrément de l’accueil à son domicile d’un enfant porteur de handicap, nous pouvons nous déplacer à son domicile ou échanger par téléphone en fonction de ses souhaits. L’accompagnement est possible, il fait partie de nos missions."

En cas de besoin, les RPE peuvent aussi mettre en relation les assistantes maternelles qui accueillent des enfants en situation de handicap, un moyen de pouvoir échanger sur les pratiques et obtenir un relais en cas de besoin : "L’isolement est une réalité car les assistantes maternelles n’ont pas de lieu d’échange sur leur expérience. Mais les RPE peuvent, si cela leur est demandé, faire une liste de professionnelles ayant eu des expériences d’accueil autour du handicap. Les groupes d’analyse de pratique sont aussi proposés par ce biais."

• Se former

Par ailleurs, des formations peuvent être suivies, générales sur le handicap ou spécifiques : "les RPE peuvent vous orienter. Vous pouvez également chercher sur Iperia, où 7 formations sur le thème du handicap sont proposées. Vous pouvez faire financer vos formations dans le cadre de la formation continue", souligne Guenola.

• Des associations pour s'informer 

Les associations spécialisées dans le domaine du handicap peuvent également vous orienter sur un handicap spécifique. N'hésitez pas à les contacter et échanger avec des professionnel·les.

Consultez l'annuaire des acteurs du handicap en Loire-Atlantique